Faux

L’Allemagne renonce à l’implémentation de l’Université tuniso-allemande en Tunisie

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L’Allemagne renonce à l’implémentation de l’Université tuniso-allemande en Tunisie

La page Twitter de الراصد التونسي a publié, le 6 octobre 2021, une information selon laquelle le gouvernement allemand aurait annulé l'implémentation de l'Université tuniso-allemande en Tunisie et décidé de son transfert au Maroc.
الراصد التونسي a, par ailleurs, précisé que selon un communiqué du gouvernement allemand, des blocages administratifs sans précédent auraient été à l'origine de cette mesure.



Afin de s'assurer de l'authenticité de cette information, l'unité du fact checking des contenus a, dans un premier temps, effectué une recherche sur le net.
Cette recherche nous a permis d'observer que cette information avait initialement été diffusée par les pages الراصد التونسي et Tunidev, le 17 septembre 2020, et partagée massivement (des milliers de fois).





Une seconde recherche exhaustive portant sur le site et la page Facebook officiels de l'ambassade d'Allemagne à Tunis ainsi que dans la presse allemande a, également, été faite mais inutilement où aucune trace dudit communiqué n'a été trouvée.

Par la suite, l'unité du fact checking a consulté le communiqué officiel émis, le 18 septembre 2021, par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui avait, à l'époque, catégoriquement nié de telles allégations.



En effet, le département avait démenti toutes les rumeurs concernant le désistement de l'Allemagne sur le financement de ce projet -dont le coût est estimé à 175 millions de dinars- assurant que ce partenariat était toujours maintenu.
Et d'ajouter qu'aucune correspondance officielle de la partie allemande n'a été adressée dans ce sens et que ni l'Allemagne ni la Tunisie avaient exprimé leur volonté à abandonner le projet en question.

Le 21 octobre 2020, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Olfa Ben Ouda s'était entretenue avec l'ambassadeur allemand en Tunisie, Peter Prügel.
Parmi les points débattus lors de cette entrevue était l'implantation de l'Université tuniso-allemande où il avait été décidé de mettre en place une commission conjointe visant à accélérer la réalisation de ce projet.


L’unité du fact checking des contenus a, subséquemment, pris contact avec Mehdi Ben Jomâa, conseiller de la communication au sein du cabinet du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui nous a assuré que « les Allemands ne se sont pas rétractés et les informations qui circulent à ce propos sont erronées » (réponse du Directeur général de la Coopération). 

L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique sous Youssef Chahed, Slim Khalbous avait auparavant, notons-le, contesté la lenteur des procédures inhérentes à l’implémentation de ce projet.
Dans un statut publié sur sa page Facebook le 11 septembre 2020, Khalbous avait précisé que l’idée de l’Université tuniso-allemande en Tunisie « a déjà été évoquée en 2013 puis a été aussitôt enterrée » et que « dès son arrivée au ministère, il a réactivé le dossier ».

Et de souligner qu’en 2017, il avait pris part avec Youssef Chahed à une mission officielle en Allemagne où il avait rencontré la chancelière allemande, Angela Merkel ainsi que la ministre fédérale de l’Education et de la Recherche, Johanna Wanka.
Cette rencontre constituait, d’après Khalbous, « le démarrage effectif du projet revisité et amélioré vers un campus tuniso-allemand d’envergure internationale ».
Un projet sur lequel avait travaillé une équipe tuniso-allemande pendant plusieurs mois avant que la partie allemande ne commence à « prendre de la distance par rapport au projet lorsqu’ils ont eu connaissance de nos lois en matière d’investissement privé et étranger dans le secteur universitaire ».

« En 2019, j’avais contribué à un projet de loi déposé par le ministère du Développement et de la Coopération internationale pour assouplir les conditions de création d’une université internationale en Tunisie », indique Slim Khalbous ayant déploré la pression d’un « lobby politique populiste de certains syndicalistes idéologues qui refusent le développement international du savoir sous prétexte d’une hypothétique perte de souveraineté nationale ».
Une pression qui avait engendré le retrait du projet de loi en question par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et ce suite à sa validation par le Conseil des ministres, selon ses dires.


Il s’agit, donc, d’une fausse information induisant l’internaute en erreur.